La théorie de l’antifragilité dans le sport : comment s'en servir?

La théorie de l’antifragilité dans le sport : comment s'en servir?

Published : - Categories : Société

Par Julie Gailhard

Nassim Nicholas Taleb est un écrivain qui n’a pas la langue dans sa poche. En 2013, il sort un livre provoquant nommé «Antifragile: Les bienfaits du désordre». Il y expose la théorie de l’antifragilité, et démontre comment et pourquoi, il est important de se servir des catastrophes et du chaos pour devenir meilleur et plus fort. Dans son livre, il illustre et décrit son concept dans la société moderne, abordant l’économie, la médecine, la politique ou encore la technologie et l’éducation. Voyons comment cette notion d’anti-fragilité peut s’appliquer dans le sport.

L’antifragilité, qu’est-ce que c’est ?

Dans son livre, Nicholas Taleb développe un concept qu’il appelle antifragile. Il met en avant le fait qu’un système antifragile, réussira à se renforcer et à évoluer positivement faces aux contraintes et aux épreuves qu’il affronte. 

Pour lui, la définition de l’antifragile, c’est «la capacité d’un système à tirer profit du chaos et à s’en servir pour devenir meilleur».

Il distingue 4 types de systèmes :

  • le système fragile : se casse face aux épreuves
  • le système robuste : reste solide face aux épreuves
  • le système résilient : plie puis retrouve sa forme d’origine face aux épreuves
  • le système antifragile : se renforce grâce aux épreuves

« L'antifragilité est au-delà de la résilience et de la robustesse. Le résilient résiste aux chocs et reste le même ; l'antifragile s'améliore.»

Ce qu’il est intéressant à comprendre et à retenir dans cette notion d’antifragilité, c’est que c’est bien plus que simplement sortir de sa zone de confort. Un système, une entreprise, ou encore une personne antifragile, apprend au travers des obstacles qu’elle rencontre, les surmonte, voir même s’en nourrie, et s’améliore grâce à eux !

Energie

Le corps humain est un parfait exemple d’antifragilité. Pourquoi ? Parce que lorsqu’il est soumis au stress et/ou à l’effort, il se renforce.

Comme quoi, un peu de stress dans la vie, ça ne fait pas de mal, bien au contraire ! (Avec parcimonie bien sûr).

Le concept « antifragile » dans le sport

  • Coté physique 

Pour les sportifs qui souhaitent explorer et appliquer cette notion d’antifragilité, il faudra donc exposer votre corps à des facteurs de stress, en lui faisant faire des mouvements complexes et inhabituels. Vous pourrez ainsi savoir où sont vos limites. Le but est de connaître vos points faibles et vos déséquilibres, pour chercher à les compenser. 

Benjamin Del Moral, Préparateur Physique Lou Rugby, a écrit un article en 2018 dans la revue Reflexion Sport, qui s’intitule : «Construire des athlètes antifragiles». En tant que préparateur physique, il explique comment il est possible d’utiliser cette notion développée par Nicholas Taleb auprès des sportifs. Il y expose toute une série d’outils et d’accessoires qui permettent aux sportifs d’exercer des mouvements inhabituels, et de se retrouver dans des situations peu communes, voire imprévisibles. 

L’aquabag, la Kettlebell, le mini-élastique ou encore le médecine-ball, pour n’en citer que quelques-uns, vont aider le corps à devenir plus sensible et à même de corriger ses erreurs. Les mouvements deviennent alors plus efficaces et des évolutions positives en découlent, comme un renforcement musculaire accru, meilleur contrôle proprioceptif, maintien de la structure interne…

  • Coté mental

Cette notion d’antifragilité dans le sport, s’applique également à la personnalité des sportifs. On peut répertorier, comme pour les systèmes cités par Nicholas Taleb dans son livre, des sportifs fragiles, ou antifragile.

Être antifragile, c’est apprendre des autres

Un « sportif fragile » ne signifie pas qu’il va constamment se blesser. Cela va plus loin que ça. Il aura tendance à mal accepter la critique, ne pas vouloir s’adapter ou écouter les conseils des autres…  Et deviendra moins performant, ou en tout cas cela prendra plus de temps, c’est une certitude ! 

Être antifragile, c’est être positif

La moindre contrariété va devenir un obstacle quasi-insurmontable pour le « fragile ». Une météo pluvieuse le jour d’une course par exemple. Pour un antifragile, cette pluie sera l’opportunité d’être plus performant car il aura moins chaud ! 

Être antifragile, c’est se nourrir du changement

Un « fragile » n’aime pas le changement. Il restera dans sa zone de confort. L'anti-fragile prendra du plaisir dans le changement et les défis qu’il apporte. Tout sportif devient plus performant, lorsqu'il est exposé à différents environnements, surfaces, terrains, instruments ou encore coéquipiers. Ce manque de « variation » chez un sportif peut s’avérer improductif, entraÎner une mauvaise performance ou pire encore, une blessure.

Pour conclure, on peut citer le philosophe allemand Nietze, « Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus forts », qui ici prend tout son sens !

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