Par Manon Barré ©La Settimana

Vous avez sûrement déjà observé certains athlètes se frapper les cuisses avant un départ, déposer un baiser sur un bijou, taper dans leurs mains avant un saut, ou encore Usain Bolt grimacer face aux caméras alors que ses concurrents, de marbres, ne cillent pas en fixant la ligne d’arrivée (qu’ils ne franchiront, bien souvent, pas les premiers). Si ces gestes font partie du show, ils ne sont cependant pas réalisés dans le but de divertir le public. 

Tantôt anodines, tantôt théâtrales, préparez-vous à découvrir les petites manies insoupçonnées des sportif·ves… De petites manies permettant d’initier de grandes choses !

À quoi les rituels pré-compétition servent-ils?

Nous disions précédemment que, malgré le fait qu’il puisse s’amuser de la théâtralité des rituels pré-compétition des athlètes, le public n’en est pourtant pas la cible. La preuve, cette théâtralité désintéressée s’explique par ce que les sportif·ves s’apprêtent à accomplir : une compétition. Les rituels leur permettent de revêtir leur habit de lumière, d’incarner leur personnage à la perfection, de se glisser dans la peau d’un·e redoutable athlète.

Ces gestes répétés avant chaque compétition se situent au cœur de la performance sportive. Ils plantent le décor, protègent le·a sportif·ve et l’enveloppent dans une bulle, ils lui permettent de se focaliser sur autre chose que sur sa propre angoisse. Les rituels pré-compétition sont des moyens de garder le contrôle, de ne pas laisser place à l’improvisation ; ils signent la fin du temps de l’entraînement et le début des “choses sérieuses”. Ces gestes sacrés ouvrent la parenthèse de cette période si particulière qu’est la compétition et son attente. 

Retirez aux athlètes ces rituels, et ces dernier·ères perdent alors tous repères et toute confiance. Et oui, notre monde ne tient décidément pas à grand chose : il suffit d’une fausse note pour que la symphonie entière s’en trouve ébranlée. Pourtant, ce que l’on oublie trop souvent, c’est que NOUS en sommes les principaux·ales chef·fes d’orchestre. Nous avons le pouvoir de ne pas dépendre de ces rituels, du moins, de ne pas en faire de maladives obsessions, des fins en soi, de ne pas douter de nos capacités à triompher simplement parce qu’une chose n’est pas allée dans le sens dans lequel nous aurions aimé qu’elle aille. L’entraînement et le travail effectués en amont ne partent pas en fumée simplement parce que vous avez oublié d’attacher vos cheveux avec votre chouchou préféré, ou parce que vous n’êtes pas passé·e aux toilettes dix fois avant votre compétition. Les rituels vous donnent une trame théorique rassurante, à vous de l’adapter calmement aux circonstances pratiques.

Trouvez le rituel qui vous convient

Scrutés par un œil externe non-averti, les rituels pré-compétition peuvent faire rire et sembler absurdes. Pourtant, qui n’a jamais eu de porte-bonheur, de petit gri-gri censé tenir la chance à proximité ?

Tenez, le t-shirt que vous avez gagné il y a cinq ans en est le parfait exemple : bien que ses couleurs ne soient plus aussi vives, il continue à vous suivre sur toutes vos compétitions ! Il y a aussi ce traditionnel plat de pâtes que vous mettez toujours un point d’honneur à dévorer la veille d’une course (même l’estomac noué, vous n’y couperiez pas). Et on ne vous parle pas de vos quatre épingles à nourrice fétiches (celles qui font courir vite). L’application de votre crème anti-frottement fait également partie de votre rituel, à l’image de cette coiffure que vous n’arborez qu’à l’occasion d’une compétition. 

Mais un rituel n’est pas nécessairement matériel, il peut tout autant exister sous la forme d’une pensée vers un être cher, d’un encouragement pour soi-même (lire notre article Quel type d'encouragement vous convient ?), ou d’une prière destinée à qui veut bien l’entendre. Le rituel d’avant-compétition englobe la manière dont vous lassez vos chaussures, en prenant soin d’effectuer un nœud solide, et puis vos paroles, aussi : alors que certain·es auront besoin d’extérioriser, de rire, de faire rire, d’autres seront plus silencieux·euses et apprécieront le calme (avant la tempête). Bref, à l’instar de celui·celle qui s’autoproclame anti-routine et qui, lorsqu’il·elle se réveille légèrement en retard le matin, panique à l’idée de ne pas pouvoir se brosser les dents, même celui·celle qui n’en veut pas possède un rituel pré-compétition !

Si les rituels restent importants pour la concentration, le cheminement vers le dépassement de soi, et le bon déroulement d’un objectif sportif, n’oubliez pas que chaque compétition est unique. Ce n’est pas un objet qui fera votre succès et un autre qui fera votre défaite. Et ce n’est pas parce que vous avez déjà remporté une victoire en revêtant votre short préféré que vous gagnerez toujours avec ce dernier. C’est le pouvoir que nous plaçons en les objets qui nous permet de nous transcender, pas les objets eux-mêmes. Ainsi, si leur présence vous aide et vous rassure, n’oubliez pas qui détient réellement la force de volonté :  vous-même.

Alors c’est vrai, parfois, cela ne suffit pas : vous avez beau être en pleine possession de vos moyens, vous n’en restez pas moins imperméable aux éléments extérieurs ainsi qu’aux paramètres indépendants de votre volonté. Mais histoire de mettre toutes les chances de votre côté, il existe des rituels créés spécialement pour vous, des bons gestes à adopter qui ont, maintes fois, prouvés leur efficacité, coucou le Pack Compétiteur. 

Et vous, c’est quoi votre rituel pré-compétition?