“Trop voluptueuse”, “pas assez voluptueuse”, “trop musclée”, “pas assez musclée”. Nous avons beau chercher des adjectifs pour nous décrire, ces derniers sont constamment précédés d’un “trop”, ou d’un “pas assez”. C’en est trop, et cette fois-ci, ce “trop” n’est pas de trop !

Nous pouvons bien nous targuer d’être d’éternelles optimistes, des Mesdames Sourire pour qui le verre est toujours à moitié plein, lorsqu’il s’agit de notre reflet dans le miroir, nous sommes intolérables, et faisons même parfois preuve d’une malveillance extrême à notre égard. Il n’est pas question pour nous de laisser passer le moindre détail : aussi minime soit-il, il occupe une place démesurée, si bien que nous ne voyons QUE lui. 

Qui a dit que les sportives n’étaient pas complexées ? Certainement pas une sportive complexée.

Et oui, être plus ou moins musclées ne nous empêche pas de souhaiter voir un biceps pousser, des poignées d’amour se volatiliser, ou encore un mollet se diviser. Mauvaise nouvelle pour nous : nous ne sommes pas faites en pâte à modeler. Enfin, c’est plutôt une bonne nouvelle quand on pense que nous serions sûrement gouvernées par une incapacité (contre productive dans notre quête d’acceptation de soi) à contrôler nos envies de changement d’apparence. Vous émettez des doutes à ce sujet ? Songez simplement à toutes les fois où vous avez succombé au coiffeur alors que vous vous étiez pertinemment jurée de laisser vos cheveux tranquilles. C’est bon, vous êtes convaincue ;) ?

Pourtant, à bien y penser, chaque détail corporel a son utilité pratique : grâce à notre graisse abdominale, nous sommes performantes sur les longs efforts d’endurance, et nos mollets musclés nous permettent d’être explosives lors d’efforts courts et intenses. Et c’est tout notre corps que nous pouvons détailler de la sorte. Essayez donc !

Il est aussi important d’arrêter de blâmer la société et ses dictats. Ce n’est pas parce qu’une publicité vante les mérites d'une voiture dernier cri que nous allons forcément vouloir posséder cette voiture. C’est la même chose avec la vision que nous avons du corps parfait. 

Et si les réseaux sociaux en regorgent, n’oublions pas que ces femmes que nous idéalisons et regardons avec envie sont comme nous : elles aussi se photographient selon un angle où elles se trouvent à leur avantage. Qui ne l’a jamais fait ? Ne nous jalousons pas, tirons-nous vers le haut.

Ainsi, il n’existe pas UN corps type de sportive, et lorsqu’on parle de ce dernier, nous en avons toutes un en tête. Et certainement pas le même. Voilà un fait qui en dit long : la perfection n’existe pas, seule l’image que nous en avons subsiste. Ne la laissons pas nous envahir, ne rêvons pas de ce que nous voudrions avoir à tout prix : apprécions d’abord ce que nous avons, puis travaillons pour atteindre la meilleure version de nous-même.

Et si, pour une fois, juste pour une fois, nous tentions d’éviter de nous intenter un procès ? (Ceci est bien évidemment une question rhétorique). Et si, pour une fois, et pour toutes les autres fois aussi, nous nous efforcions de nous voir telles que nous le sommes : des sportives avec DES corps de sportives. De belles femmes qui devraient être plus sûres et fières d’elles.

Cela vous paraît la mer à boire ? Il n'en est rien. Mettez-y du cœur, vous y parviendrez ! Nous, nous croyons en vous.