Par Manon Barré ©La Settimana

Vous venez de terminer votre (seconde) plâtrée de pâtes. Vous voilà parfaitement rassasié… Mais c’était sans compter sur l’arrivée magistrale des desserts.

Soignés, pouponnés, apprêtés, ils sont aussi beaux à regarder qu’ils sont bons à dévorer! Décidément, les desserts nous font tourner la tête… et l’estomac. C’est vrai, quoi ! Leur simple vue suffit à nous faire perdre tous nos repères : nous ne savons plus ce que nous avons mangé, ni même si nous avons déjà mangé, et encore moins si nous avons véritablement faim (et à vrai dire, cela nous importe peu). Finalement, lorsque les desserts sont dans la place, une seule et unique chose compte : eux. Et nous. Bref, nous en train de les manger (inutile de vous faire un dessin, vous visualisez certainement très bien la scène) !

Votre obsession pour le dernier mets du repas vous effraie ? Vous êtes persuadé que quelque chose cloche chez vous ? Vous avez le sentiment d’être la seule personne au monde qui soit obnubilée à ce point par la carte des desserts ? Cessez de vous en faire ! Vous êtes parfaitement normal, et pour dire vrai, vous êtes même très loin d’être un cas isolé ! Et pour cause, il existe une grande explication à cette petite place constamment réservée au dessert. Vous souhaitez la connaître ?

Le timing du sucre : le meilleur pour la fin/faim

C’est devenu une habitude : lorsque vous avez un petit creux, vous ne vous refusez jamais une douceur. Résultat ? Vous en mangez deux ou trois. La faute à votre gourmandise légendaire, certes, mais pas que !

En effet, comme le dit si bien le célèbre dicton : “le sucre appelle le sucre”. Aussi, pour éviter de vous perdre dans ce cercle vicieux fait d’une farandole de pâtisseries, il est conseillé de ne pas manger un produit sucré en premier lorsque vous avez faim, et surtout, de ne pas déguster cette sucrerie seule… Car, vous l’aurez compris, celle-ci appellera la suivante, et ainsi de suite !

Ce phénomène s’explique de la manière suivante : il résulte de la consommation d’un aliment sucré une augmentation du taux de glucose dans le sang, c’est ce que l’on appelle la glycémie. L’élévation de cette dernière incite ainsi le pancréas à sécréter une hormone qui va réguler cette glycémie : l’insuline. Or, plus un aliment est sucré, plus le glucose sera concentré dans le sang, plus l’insuline sera libérée. Aussi, l’insuline faisant chuter la glycémie (afin de réguler le taux de sucre dans le sang), c’est cela qui provoque la fringale, ou du moins, la sensation de faim.

C’est donc pour cette raison que “le sucre appelle le sucre”, et qu’il ne faut pas manger un produit sucré isolé lorsque vous avez faim ! Comme quoi, la place du dessert est parfaitement choisie : le meilleur pour la fin, ou pour la faim… C’est comme vous préférez !

La réponse à LA question

Vous avez scrupuleusement respecté nos consignes : vous avez réservé le dessert pour le dessert. Mais si vous n’avez pas consommé de sucre avant ce dernier, l’insuline n’a que faiblement été sécrétée, vous ne devriez donc plus avoir faim... ! Alors, pourquoi diable avez-vous, précisément, encore une petite place pour le dessert ?

C’est un article du magazine Time publié en 2017 qui met en lumière cette étrange petite place que notre estomac met un point d’honneur à réserver au sucre : ce phénomène se nomme la satiété sensorielle spécifique (sensory-specific satiety, en anglais). Ce mécanisme permet ainsi à notre corps d’identifier les aliments que nous avons consommé, et les aliments que nous avons évité ! Ce dernier a, en effet, besoin de différentes textures, couleurs, et saveurs pour se satisfaire. Et c’est tant mieux (c’est d’ailleurs l’article lui-même qui le dit) ! “Heureusement, consommer différents aliments en un seul repas est bon pour vous : il s’agit d’une ingénieuse stratégie permettant de créer un équilibre entre les macronutriments (c’est-à-dire un équilibre entre les protéines, les lipides, et les glucides), et d’offrir à votre corps un large panel de vitamines, de minéraux, et d’antioxydants”. Ainsi, notre corps n’est pas dupe… Le dessert tombe donc à point nommé pour faire plaisir à nos papilles et donner à notre organisme une petite touche finale de peps (non-négligeable) !

Comment éviter d’abuser des desserts ?

Si le dessert est à honorer, ce dernier ne doit pas pour autant en devenir une obsession ! En effet, l’étendue des produits à notre portée nous permet d’avoir l’embarras du choix pour satisfaire ce besoin de variétés de saveurs, de textures, et de couleurs… Mais à avoir trop de choix, nous avons parfois tendance à en abuser ! Aussi, pour ne pas nous laisser succomber à la tentation d’enchaîner les douceurs à la fin du repas, rien de tel que de préparer nos menus à l’avance ! De cette manière, nous sommes psychologiquement préparé·es à manger équilibré, et surtout raisonné. 

Ensuite, chose que nous ne répéterons jamais assez : mieux vaut mâcher lentement de petites bouchées plutôt qu’engloutir votre assiette en deux minutes top chrono… Et en redemander ! Dans le même registre, patientez quelques minutes avant de vous jeter sur les desserts. Effectivement, la sensation de faim provoquée par la sécrétion d’insuline* est éphémère, aussi, laissez filer cinq bonnes minutes afin d’être certain·e que vous le désirez véritablement, ce fameux dessert ! Enfin, préférez d’abord un fruit à une crème au chocolat, même si celle-ci ne fait pas de mal, de temps à autre !

*L’insuline est sécrétée en continu lorsque nous mangeons, avec plus ou moins d’intensité suivant la nature du produit consommé.

La petite place réservée au dessert n’est donc pas un mythe, mais bien une réalité ! Alors, si nous ne pouvons pas blâmer notre corps d’avoir des envies de variétés (le dessert en faisant partie), il n’appartient cependant qu’à nous de savoir nous écouter en patientant quelques instants avant d’entamer les sucreries. Le dessert doit rester un plaisir, pas une obsession!

Et vous, quel est le dessert qui vous met l’eau à la bouche et que vous prenez plaisir à déguster de temps en temps?