Par Manon Barré ©La Settimana

Ah, les encouragements ! Qui n’aime pas en recevoir ? Il faut dire, qu’au-delà de nous emplir de l’agréable et flatteuse sensation d’être particulièrement importants et aimés, un bon vieux “allez” se veut requinquant à souhait… Enfin, que dit-on ? Dire qu’il est euphorisant colle bien plus à la réalité ! Au traditionnel “allez”, on peut apposer d’autres mots, mais attention, pas n’importe lesquels ! En effet, de première importance est la mission que celle de choisir avec soin les paroles prononcées à un sportif en pleine action… Sous peine d’effroyables représailles (et encore, c’est un euphémisme). 

Ainsi, que diriez-vous donc d’aider vos dévoués supporters à vous encourager efficacement en leur indiquant les mots qui vous chatouillent l’oreille et ceux qui viennent y siffler comme une balle de sniper? 

Les encouragements qui flattent l’ego

Au cours de l’effort, vous aimez être bichonné·e sans compter (ce qui est bien normal, puisqu'il s’agit de VOTRE moment À VOUS). Oui, vous vous plaisez décidément à régner en despote sur vos fidèles sujets. Vous appréciez que l’on vous choie au ravitaillement (“votre Excellence, un petit massage des pieds, peut-être ?”) ; que l’on flatte la prouesse de vos performances (“Majesté, c’est purement incroyable !”) ; que l’on souligne la facilité avec laquelle vous venez à bout de votre défi (“Sir·Lady, vous ne semblez pas même amoché·e”) ; bref, que l’on crie haut et fort votre génie (“votre Altesse, comment est-ce possible ? Vous incarnez la délicieuse fraîcheur et la fragile beauté d’une fleur en bouton depuis le départ”).

Bon, d’accord, nous amplifions peut-être un peu la chose. On mettra cela sur le compte de notre côté sudiste (#cliché). Toujours est-il que vous ne pouvez pas nier ceci : vous avez besoin d’un maximum d’attention et de positivisme autour de vous, de good vibes à gogo, d’énergies bienveillantes à outrance. Et c’est tout à votre honneur. Vous possédez la précieuse faculté de considérer, d’apprécier, et d’utiliser toutes les gentilles paroles qui vous sont destinées au service de votre motivation. Aussi, alors qu’un simple “allez” a le pouvoir de donner un second souffle aux marathonien·nes épuisé·es qui traînent des pieds en ronchonnant, ce simple “allez” vous donne, à vous, des ailes (mais genre des grandes ailes, hein). 

Les encouragements qui flattent l’ego ne conviennent toutefois pas à tous·tes les sportif·ves. Des paroles qui se veulent bienveillantes peuvent en effet être à l’origine d’un sentiment d’injustice, d’illégitimité, et de colère chez certaines personnes. Dites-leur que “c’est bien”, et elles vous répondront, “mais n’importe quoi, ce n’est pas bien du tout ce que je fais là”. On les nomme aussi les cœurs de pierre (ou les complexé·es du compliment), et nous vous les présentons juste en dessous.

Les encouragements qui titillent l’ego

Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous avez un sérieux problème avec les compliments. Pas question pour vous de les accepter. Jamais. Plutôt mourir. D’ailleurs, dans votre esprit, le raccourci est vite fait : compliment rime avec faiblesse. Tenez, cela nous rappellerait presque le jeune aventurier d’une célèbre télé-réalité : malgré le fait qu’il soit parvenu à réaliser ce que personne d’autre avant lui n’avait accompli, ce dernier s’est toujours refusé à toute forme d’éloge... C’est vous tout craché lors d’un effort, quoi ! Lorsque vous êtes au plus mal et qu’une âme bienveillante a le malheur de vous jeter des mots doux, vous n’avez alors qu’une seule envie : la réprimander. Vous, vous êtes un·e dur·e à cuire, un·e grand·e coriace, un·e véritable badass. Les marques d’affection pendant une compétition ? Très peu pour vous. D’ailleurs, loin de vous donner du baume au cœur, elles vous font vous sentir fragile. 

Mais dites-nous, alors, quels sont les encouragements qui peuvent, justement, vous encourager ? Quelles phrases faut-il vous lancer pour vous donner la rage de vaincre ? Quels sont les mots capables de faire sortir le·a lion·ne de sa cage ? La question elle est vite répondue, comme dirait un célèbre philosophe. Alors que d’autres en seraient irrité·es, vexé·es, outré·es, ce qui vous fait de l’effet, à vous, ce n’est pas d’être brossé·e dans le sens du poil, c’est d’être remis·e en question, titillé·e, provoqué·e parfois. “Attention, maintiens ce rythme, ça revient fort derrière toi !”, “allez, bouge-toi un peu !”, “alors, il paraît que tu te ramollis avec le temps ?”. Il ne vous en faut pas plus. Vous avez d’ailleurs déjà bondi de votre starting-block. Seul un nuage de poussière demeure derrière vous. Et si on regarde bien, au loin, on peut apercevoir vos crocs aiguisés scintiller à la lumière du soleil. Ça va faire mal. Très mal.

Qu’ils flattent ou qu’ils titillent l’ego, des encouragements adaptés à son·a destinataire percutent, font écho et font effet. Ils ont le pouvoir d’anesthésier la douleur, et de nous porter au-delà de nos sensations physiques… Oui, osons le formuler de cette manière puisque c’est ainsi que sont les choses : les encouragements savent nous élever hors de notre corps (ce qui fait prendre tout son sens à la notion de dépassement de soi). 

Et vous, c’est quoi votre truc ? Les encouragements doux et rassurants, ou bien ceux qui vous poussent hors de vos gonds?